« Quand la nuit encombre les emmerdes »
- lemenstrueldeperpi
- 18 mars
- 3 min de lecture

Elle était mignonne sans être belle.
Pour ses voisins, elle avait du chien. Pour les autres, elle n’était pas si vilaine que ça.
Avec l’aide financière de ses parents, Georgina avait aménagé un beau deux pièces dans le nouveau quartier de Perpignan*, La multiplication bâtiment 7x3.
Ce quartier était le projet et la promesse du maire perpignanais avant les élections. Il avait dû batailler comme un loup pour mener à bout La multiplication en défavorisant l’hébergement et les aides aux Ukrainiens-Palestiniens.
Dès qu'elle rentrait dans son appartement, Georgina se déchaussait et dansait pieds nus en écoutant les chansons de Julio Iglesias* en boucle. Pendant qu’elle tourbillonnait, elle se déshabillait pour envelopper sa nudité d’un tulle blanc brodé de dentelles de Moscou*.
Georgina avait fait huit ans de danse à Cabestany*. Sa professeure lui avait donné des cours particuliers pour qu’elle puisse s’habituer aux pointes. Un soir, les chaussons roses ne purent s’adapter aux pieds de Georgina. Ses chevilles se brisèrent en position quatrième* serrée. Elle avait douze ans.
Depuis, la jeune adulte convoite une allure de canard qui se marie très bien avec ses récentes petites poignées d’amour.
Mathieu était le concierge des immeubles de La multiplication. Il y avait une loge à sa disposition. Tous les soirs, Mathieu faisait sa ronde.
Il toquait trois fois toutes les portes à 19 h précise.
21 portes. 21 locataires.
Il rentrait dans chaque appartement pour s’assurer que tout allait bien et conforme au règlement. Tel était son rôle.
Comme à l’accoutumé, à 19 h 21 pétante, l’œil droit de Georgina effleure le judas comme un parfait doigté légèrement mouillé qui s’amuse à tamponner le pistil d’une orchidée ambrée.
Derrière la porte, Mathieu envoie trois coups diminuendo : toc, toc, toc.
- Bonsoir mon Mathieu préféré ! Je t’attendais comme tous les soirs en dansant comme une princesse. Tu aimes ma robe ? Regarde, j’ai mis une culotte couleur champagne assortie à mon soutien-gorge. Sens-moi ! On dirait que ma peau sent la fraise et la vanille… comme un cookie… Viens et on fait l’amour…
- Georgina arrête, s’il te plait ! Je ne suis pas là pour ça. Enlève ta main de ma braguette, veux-tu ? Tu me chauffes ! Tu comprends ça ? Et puis, on risque d’avoir des problèmes. Moi, plus que toi.
- Mathieu, faire l’amour ou un peu baiser ne fait pas partie du mal. Il faut juste être libre d’aimer ce que tu as envie. Baiser ou faire l’amour, c'est pareil. C’est la même mécanique. C'est comme manger et boire. Regarde ton zizi, tu bandes et moi, j’ai ma nounette gonflée et qui trempe. Regarde, mets ton doigt. Ne sois pas mongol et viens me baiser pendant que je te fais l’amour. Viens…
Georgina et Mathieu ont baisé puis fait l’amour durant deux heures, comme depuis deux mois presque tous les soirs. Georgina, un peu nymphomane et Mathieu chargé de testostérone, se bouffaient le sexe comme deux cannibales dévorant leur victime en sanglotant de leur bouche la mouille de leurs entrailles.
Ces deux amants ne sont autres qu’un brouillon d’une esquisse d’œuvre d’art inédite de Gustave Courbet*.
Mathieu, 23 ans. Diplômé en licence II de sociologie à l’université Paul Valéry de Montpellier. En couple depuis un an avec Sandrine, masseur-kinésithérapeute à la clinique La Pinède de Rivesaltes*.
Georgina, 33 ans, trisomique 21.
Cessez de vous masturber les neurones,
"Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence »